Des CIO sur la sellette, une image du conseiller désuète… L’orientation des élèves se jouerait-elle désormais sur internet ? Pas si sûr. Face à une multitude de cursus possibles et un marché de l’emploi en crise, le facteur humain s’avère toujours utile en cas d’angoisse. Un moyen pour le conseiller d’orientation de se réinventer.
Un guide dans la recherche numérique
Le travail du conseiller d’orientation, aidé de ses guides « papier », serait-il dépassé ? Sans doute. D’autant plus que la recherche de formations se fait aujourd’hui, en majorité sur internet, à portée de « clics ». Plus besoin de prendre rendez-vous : on ne compte plus les sites et applications qui proposent des tests « en ligne » pour découvrir son profil, et les cursus correspondant.
L’aide numérique, c’est également l’outil choisi par le Gouvernement qui a lancé le dispositif web ParcourSup afin de faciliter l’orientation après Bac. La pratique se fait donc seul, de façon spontanée. Un peu sauvage aussi.
Dès lors, le tout numérique rencontre une difficulté : une offre infinie certes, mais devant laquelle l’élève a souvent du mal à faire le tri. Et peine à trouver des repères auprès de ses parents qui ne connaissent ni les nouveaux cursus, ni les sites trop récents. C’est donc une compétence de guide numérique que le conseiller doit endosser. Soit pour faire de l’animation auprès des publics concernés. Soit pour défricher le terrain auprès d’un élève en quête d’indices.
Combler de nouvelles exigences
Autre époque, autre changement : les exigences des futurs actifs ont également évolué. La génération Y (née entre le début des années 80 et le milieu des années 90) ne rêve plus de l’emploi comme unique moyen de gagner sa vie. Les dernières études présentent une génération qui place en priorité l’équilibre vie privée/vie professionnelle devant le salaire. Le sens du travail effectué importe également beaucoup. De fait, connaître les corps de métier, écouter les nouvelles valeurs des étudiants et trouver des correspondances s’avère un challenge bien plus fin et subtil qu’un test de compétences. C’est d’ailleurs sur ce point que le volet psychologique dont profite le conseiller peut faire la différence : c’est en comprenant ce nouvel élan qu’il sera efficace.
Plus proche du monde de l’entreprise
Que reproche-t-on également aux conseillers d’orientation aujourd’hui ? D’être enfermés dans un centre alors que, dehors, se jouent des mutations permanentes au niveau des entreprises. Dans une société encore impactée par la crise, les besoins et les créations de postes évoluent rapidement. Quand il ne s’agit pas d’anticiper des métiers en devenir (60 % des métiers qui verront 2030 n’existent pas encore). L’offre des études s’étoffe, elle aussi, présentant parfois des doubles cursus complets pour coller à une fonction. Dans ce tourbillon de nouvelles données, un conseiller ne sera pertinent qu’en connaissant par cœur le marché de l’emploi. Du moins, celui de son département ou de sa région. D’où l’utilité de créer des rencontres, des moyens de communiquer entre entreprises et personnel formateur. Le conseiller ? Un acteur à part entière de la vie d’entreprise.
Un grand pas vers le coaching
Et si le conseiller d’orientation revêtait alors le costume d’un coach ? C’est-à-dire d’un animateur qui apprend aux élèves à se servir des outils en leur possession ? Le terme, à la mode, n’est pas anodin : les « coachs d’orientation » existent déjà et remportent un joli succès dans les forums étudiants. Qui sont-ils ? Des chefs d’entreprise ou des employés reconvertis qui font payer, parfois chèrement, leur expérience lors de suivis individuels. La fonction ne répondant à aucune législation, s’y trouvent à la fois de bons coachs comme… de moins bons, qui n’ont aucune qualification. Mais qui de mieux placé que le conseiller d’orientation, formé et rôdé aux besoins des jeunes et au marché du travail pour endosser ce rôle ? Finis les magazines spécialisés. C’est en motivant le jeune et en lui offrant des armes concrètes pour trouver sa voie que le conseiller peut se refaire une place au sein de l’orientation.
Pour apporter son concours… et maintenir sa fonction de guide, le conseiller d’orientation doit savoir se renouveler au rythme des évolutions, qu’elles soient économiques, humaines, sociales. Un conseiller pour apporter de l’information ? Non. Un coach, transmettant les armes pour se diriger dans cette course d’orientation.